Les Cartes à mon gré sont très bien inventées,
À mille têtes éventées
On les voit tenir lieu d'esprit et de
En occupant les sots elles servent les sages,
Heureux de se prêter à ces amusements
Et d'éviter par là cent fades bavardages,
Les plus cruels des ennuis différents
Que le Monde tient à ses gages.
Elles servent encore à de plus doux usages,
Amour le sait ! Les Argus, les Mamans
Autour d'un Quinola s'échauffent, font tapage,
Tandis que Life et Cléon dans un coin
S'expriment leurs transports sans bruit et sans témoin
Elles font à la fois les plaisirs de tout âge.

Un Enfant qui sortait à peine du berceau
Déjà tenait un jeu, contemplait la peinture.
Et d'Hector devenu le valet de Carreau
11 admirait la bigarrure :
Virgile aurait bien dit en voyant ce tableau,
Quartum mutatus ab illo !
Grands Dieux, combien Hector a changé de figure !
Ah, ce jeu, dit l'Enfant, m'offre un plaisir nouveau,
Voilà des fondements, je puis faire un Château,
Il arrange, il dispose, il sait un triple étage
Et n'a garde surtout d'oublier le donjon
Mais lc Zéphir jaloux renverse tout l'ouvrage.
ïl relevé cn pleurant tous ces murs de carton,
Puis essuyant ses pleurs fie reprenant courage ,
11 fait de ces débris un autre pavillon.
Table, ne bougez pas, allons, soyez bien sage ,
Obéissez, vous aurez du bonbon :
Il avait de sa mère emprunté ce langage.
Le Marmot voit enfin le fragile Palais
Subsister cette fois, combler tous ses souhaits;
Age heureux où des riens font te bonheur suprême !
Mais bientôt se lassant de l'admirer toujours,
Il change de caprice et le détruit lui-même,

L'homme est enfant dans ses amours,
Qu'on te traverse, il se désole,
Qu'il soit heureux, l'Amour s'envole.

Livre II, fable 1




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