La Maison, la Chaumière et le Château Édouard Parthon de Von (1788 - 1877)

Fière d'avoir plus d'un étage,
Certaine maison de village
Insultait ainsi tous les jours
Les chaumières des alentours :
« Vraiment vous ne pouvez, dans le siècle où nous sommes,
Que servir de retraite à quelques animaux ;
Ou, si vous abritez des hommes,
Ce sont donc des Lapons, ou bien des Esquimaux.
Lecteurs, je vous entends m'arrêter à ces mots :
Peste ! votre maison sait la géographie ! »

Me direz-vous. Oui, le fait est certain,
N'en soyez pas surpris ; pour peu qu'on l'en défie,
Cette maison vous parlera latin :
C'est celle du maître d'école.
Mais, puisqu'on m'interrompt par un propos frivole,
De mon récit j'abrégerai le cours.
Donc, avec la chaumière insolente, orgueilleuse,
Notre maison devient modeste, obséquieuse,
Du moment qu'au château s'adressent ses discours.

Chacun en fait autant, c'est comme à la grand'messe,
Où chacun, tour à tour, se redresse ou se baisse.
Le vicaire d'abord encense le curé ;
Puis, remplissant le même ministère,
Un sous-diacre, ou bien un simple tonsuré,
Vient à son tour encenser le vicaire ;
Puis à l'autre ; il n'est pas jusqu'à l'enfant de chœur
Qui, du bedeau, je crois, n'obtienne cet honneur ;
Les rôles changent à la ronde.
Concluons-en que, dans ce monde,
Curé, bedeau, vicaire, et chaumière, et maison,
Rien n'est grand, ou petit, que par comparaison.

Livre II, fable 13




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