Doux passetemps que je regrette,
Château de cartes et trompette,
Petit tambour, fabot, foffette,
Joujoux chéris !

Heureux qui peut narguer l'usage,
Et devant tout le voisinage,
A ces jeux de son premier âge Avoir le prix !
Esope jouant sur la place,
Avait à mon sens bonne grâce ;
Esope n'était pas un sot.
Pour l'imiter en quelque chose,
Aux yeux de tous je me propose
De fouetter encor le fabor.
De tous ces jeux la douce idée
M'éloigne trop de mon sujet :
Venons au fait.

Un jeune enfant occupant sa soirée,
De cartes faisait un Château
Toujours détruit, toujours nouveau ;
Tantôt haut, tantôt bas ; battait cartes et table ;
Pestait contre le vent, cent fois recommençait ;
Prenait une peine incroyable,
Et jamais plus le Château n'avançait.
S'il n'est pas fou, j'irai le dire à Rome :
A quoi s'occupe-t-il ? finira-t-il bientôt,
Se disait-on tout bas ? L'enfant reprit tout haut :
Moi ! je m'occupe comme un homme.

Livre II, fable 12




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