Le Rossignol et la Fauvette

Comtesse de Genlis (1746 - 1830)


Un rossignol harmonieux,
Chantre favorise des dieux,
Miracle du printemps, charme de la nature,
Modulsit ses accords pendant la nuit obscure ;
Surpris, on admirsit dans mille accents divers
Cette voix éclatante et pure :
Un calme approbateur protégeait ses concerts.
Près de là, dans un nid prospère,
Vivait un jeune oiseau sous l'aile de sa mère ;
Il était loin des jours où l'on prend son essor,
Il n'était pas habile encor ;
Et d'ailleurs ce n'était qu'une simple fauvette.
Ce naissant mélomane, au fond de sa retraite,
De tant d'accents heureux muet admirateur,
Écoutait l'improvisateur.
L'audace est quelquefois compagne du jeune âge.
Ne voilà-t-il pas l'imprudent
Qu'un si bel exemple encourage ;
Il veut au rossignol charmant
Répondre en son faible langage ;
Mais sa mère le lui défend,
Et dit au jeune téméraire :
Une fauvette, mon enfant,
Près du rossignol doit se taire.





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