Tourmenté par Éole, assailli par la pluie,
Un pavot inclinait sa tête appesantie.
Vainement Flore, hélas ! voulait le relever,
Quand Zéphire à Phébus s'unit pour le
L'un, en le balançant sur son aile volage,
Du liquide fardeau par degrés le soulage :
L'autre, de ses rayons modérant la chaleur,
Pénètre, épanouit, ressuscite la fleur.
Que d'orgueil trop souvent le bonheur nous inspire!
Tout fier d'intéresser et Phébus et Zéphire,
Ce pavot , par les vents naguère harassé,
Sur sa tige affermie à peine est redressé,
Qu'oubliant sa faiblesse , en puissance il s'érige.
-Voyez ! qu'ai-je perdu de mon premier éclat ?
Tandis qu'en ces jardins tout souffre, tout s'afflige,
Seul au milieu des fleurs que la fatigue abat,
J'apparais immobile et debout sur ma tige.
Un chêne l'écoutait : - Ami , deux mots sans plus ;
Je pourrais triompher, j'ai bravé la tempête :
Mais toi , que sous ses coups j'ai vu courber la tête,
Dois-tu parler si haut, quand le danger n'est plus ?

Livre II, fable 1




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