Le Chêne et le Lierre Emile Erckmann (1822 - 1899)

À la cime d'un chêne un lierre était monté,
Dont le feuillage d'un vert sombre,
Le couvrant de festons sans nombre,
Faisait sa plus grande beauté,
Le chêne aimait son lierre et le lierre son chêne.
On les voyait de loin s'élever sur la plaine.
Ils avaient traversé bien des rudes hivers,
Bien des étés brûlants, frappés par les éclairs,
Et toujours protégés par le même génie,
ils formaient une noble et touchante harmonie.
Quand la hache, au pied du géant,
Vint sonner l'heure du néant,
Le chêne trembla pour son lierre :
« Ami, dit-il, embrassons-nous...
De notre affection Jupiter est jaloux,
Et voici notre heure dernière. »
Ils tombèrent ensemble, et le lierre est resté
Le symbole touchant de la fidélité.

Livre I, fable 16




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