Des appas d'une ânesse un vieux baudet charmé,
Pour célébrer ses feux un jour se mit à braire.
Le meunier l'entendit, et, d'un bâton armé,
Vint à grand coups le sommer de se taire.
L'avis était pressant : mais l'âne était mutin,
Et se croyait d'ailleurs la voix douce et légère.
Aussi s'obstina-t-il, l'intrépide roussin,
À répéter son amoureux refrain,
Tant que ne pouvant plus ouïr chansons pareilles,
Colin, las de frapper, se boucha les oreilles.

Paul, malgré nos sifflets, va chantant ses amours :
Puisqu'il n'est pas muet, c'est à nous d'être sourds.

Livre II, fable 11




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