Le Geai satirique Éliphas Lévi (1810 - 1875)

Un geai blâmait avec aigreur
Les mœurs de l'aigle sanguinaire.
- Quels sont, s'écriait-il, les droits de ce voleur ?
Il est roi, dites-vous ? On est roi pour bien faire.
Mais, parmi les brigands, régner, c'est dévorer ;
Etre leur sujet, c'est pleurer !
Non, je n'obéis pas à ce tyran sauvage !
- J'aime assez ce noble langage,
Dit un hibou qui l'entendait.
Le hibou, comme on sait, est l'oiseau de Minerve.
- Monsieur le geai, vraiment, j'admire votre verve ;
Mais si l'aigle condescendait
Par aventure à se défendre,
Il dirait, vous aussi, que vous aimez le sang,
Et qu'en lui de bien loin vous cherchez à pourfendre,
Non pas le roi cruel, mais le maître puissant.
Mon ami, vous êtes un cuistre ;
Et dans vos superbes propos,
L'aigle deviendrait un héros
Si vous étiez premier ministre.

Livre II, fable 24


Symbole 24 :

Mais de tous les lâches désirs le plus lâche est celui de rabaisser les autres lorsqu’on n’a pas le courage de monter à leur niveau.
C’est l’envie qui ronge le cœur de tous les impuissants et qui les porte à dénigrer toutes les puissances.
Aussi les anarchistes, lorsqu’ils arrivent au pouvoir par quelques-uns de ces soulèvements qui font remonter la vase et la fange à la surface des eaux, sont les plus insupportables de tous les despotes et les plus cruels de tous les tyrans.
Un roi faible nommé Louis XVI fut accusé de tyrannie et condamné à mort par des anarchistes, au nom de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.
Ses bourreaux lui succédèrent et s’appelèrent Danton, Robespierre et Marat.


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