Le Merle, le Geai et le Rossignol Jean Héré (1796 - 1865)

Un merle qui vivait retiré, solitaire,
Voulut, vers le déclin du jour,
A l'hymne de toute la terre,
Joindre aussi son hymne d'amour.
Il va, sous l'épaisse verdure,
Mêler sa voix aux mille voix
Qui, dans le feuillage des bois,
Célèbrent en chœur la nature.
Un geai qui chantait faux, voulait le faire exclure,
Disant qu'il arrivait trop tard,
Que du concert chaque partie
Était suffisamment remplie ;
Qu'il pouvait chanter à l'écart,
Sans venir troubler l'harmonie
De leur divine mélodie.
Le rossignol au chant si doux,
Se montra beaucoup moins sévère :
Accueillons, dit-il, comme un frère
Le merle qui se joint à nous.

Le vrai talent n'est pas jaloux.

Livre II, Fable 23




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