Un Coucou fort charitable
Rencontra, chemin faisant,
Un Merle, à terre gisant,
Dans un état pitoyable.
Quelque chasseur acharné,
Faute de trouver des grives,
L'avait dans ses œuvres vives
Très fort contusionné.
Le bon Coucou, touché de sa détresse,
De l'aile et de la voix soutenant sa faiblesse,
L'emmena dans son nid, qui se trouvait prochain ;
C'était des bois le bon Samaritain.
Sa chaste épouse était comme lui bienfaisante ;
Aussi, leurs soins ingénieux
Rendirent promptement, et contre toute attente,
La force au pauvre malheureux.
Son bienfaiteur était dans l'allégresse.
Or, un jour qu'il était absent,
Le précieux convalescent
Décampa, du logis emmenant la maîtresse,
Et négligeant de laisser son adresse.
Un bienfait n'est jamais perdu :
Je voulais le prouver ; j'ai rempli mon programme,
Puisque le bon Coucou, vous l'avez entendu,
Fut débarrassé de sa femme.