Le Merle puni Simon Pagès (17ème siècle)

Non ! il n'est point de dieux qui régissent le monde:
De tout crédule sot je brave les discours :
Elle a tourné sans cesse et tournera toujours
Notre machine ronde.
Quoi! s'il était des dieux, verrait-on tant de maux?
Croyez-vous qu'un oiseau mangerait des oiseaux?
Que la vertu timide sur la terre
Fat lâchement en proie à la méchanceté,
S'ils avaient a leur volonté,
Dans leurs terribles mains, comme on dit, le tonnerre
Un philosophe atrabilaire,
Bâtissant un système sot,
Voudrait-il s'exposer a les mettre en colère,
Déraisonnant à chaque mot ?
Ainsi philosophait beau merle ;
Des plus grands raisonneurs il se disait la perle: .
Mais en philosophant, il ne s'aperçut pas
Qu'un avide chasseur lui lançait le trépas.
Hélas ! en mourant il s'écrie :
Il est des dieux vengeurs qui punissent l'impie !

Livre III, Fable 8




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