Le Merle et l'Hirondelle Marie-Amable Petiteau (1736 - 1816)

Un merle échappé de sa cage
Revint à tire-d’aile habiter le bocage,
Et répétant à tout propos
Ce qu’il avait appris pendant son esclavage ;
Il ennuyait par fois un grand nombre d’oiseaux.
Se croyant plus d’esprit, en babillant sans cesse :
Moi, disait-il un jour, j’amuse, j’intéresse
Par mon joli langage et mes contes nouveaux.
Est-on plus ignorant que pinsons et moineaux ?
Les rossignols et les Fauvettes
Ne disent que des chansonnettes,
Où l’on ne comprend rien, d’ailleurs pas un seul mot ;
El la dolente tourterelle…
Il commençait ainsi sa longue kyrielle :
Tout oiseau peu parleur n’allait être qu’un sot ;
Mais une savante hirondelle
Lui rabattit le caquet tout à coup :
Croyez-moi, mon ami, j’ai parcouru le monde ;
Presque partout, sur la machine ronde,
Qui pense peu, parle beaucoup.





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