Un rossignol, par sa sagesse,
Connu de tous les oisillons,
Avait d'un beau serin élevé la jeunesse,
En lui donnant avec tendresse,
De son art merveilleux de savantes leçons ;
Il en avait saisi ]'éclat et la noblesse.
Bien loin d'en tirer vanité,
L'élève était chéri par son humilité.
Lorsque les oiseaux du bocage
Chantaient leurs petites chansons,
Il écoutait, il suspendait ses sons,
Applaudissait à leur ramage.
En virtuose, il se livrait
Tout seul a ses talents, dans le fond d'un bosquet;
Aucun oiseau ne lui portait envie;
On le louait, on l''admirait
Franchement et sans jalousie.
On venait l'entendre en secret,
Quand il filait ses sons a l'écho solitaire.
En agissant ainsi, l'oiseau sut toujours plaire.
Le vrai savant est humble, à propos sait se taire.

Livre III, Fable 9




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