Les deux Balances Simon Pagès (17ème siècle)

Monsieur, ne vois-tu pas gros Pierre,
Qui, du matin au soir, travaille tous les jours
Pour arracher à la misère,
Ses enfants et leur tendre mère?
Accordons-lui notre secours.
Entendons-nous.... Ah! cède à ma prière !
Instruis ton fils, monsieur Bassin,
Quand la marchandise vendue
Est, avec propreté reçue,
Dans la profondeur de son sein,
Qu'il fasse un peu le lourd, et, zeste, vers la nue
Son jumeau transporté donnera quelque gain.
Ainsi parlait une grande balance,
'A sa petite sœur pendue a sa potence.
Holà ! ta pitié fait erreur,
Répondit la cadette sœur
A notre indiscrète causeuse:
En rendant gros Pierre voleur,
Certes, tu ferais son malheur.
Dieu n'aime pas la balance trompeuse.

Livre III, Fable 10




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