Un Roi... C'était, non pas un Roi de France, —
Je me garderais bien de lui prêter ce fait, —
Mais, un Roi de la Chine... Or, de certain valet,
Ce Roi, voulant, un jour, punir la négligence,
Sur ce valet levait le fer. Un Mandarin
Du Monarque saisit la main,
Et la détourne ; et puis, s'adressant au coupable,
C'est-à-dire, au valet : Ah ! vois-tu, misérable,
Tout le mal qu'a produit ta faute, le vois- tu ?
Ta négligence criminelle
A donc, pour un moment, altéré la vertu
De ton maître et du mien ! Une tache éternelle,
Aux yeux de l'univers, a donc failli ternir
Et son âme si pure, et sa gloire si belle !
Insensé, bénis Dieu, lequel n'a pu souffrir
Que cette noble vie, aux siècles à venir,
Parvint d'un meurtre enveloppée ;
Et, par ton dévouement, sache, de dessus toi,
Détourner, à jamais, la colère du Roi,
Tout comme j'en ai su détourner son épée.
Bien hardie était la leçon,
Mais, ce Roi la goûta, dit-on ;
Avec lui je me raccommode.
Fi d'un Roi, que la vérité
Moins que le mensonge accommode !
Et si d'un Ministre éhonté,
De qui le déshonneur à son Roi s'inféode
Jusque-là d'applaudir à toute indignité,
Où notre félon voit se plonger le Monarque !
D'aucun zèle, en cela, je n'aperçois la marque :
Le zèle d'un Ministre est de servir son Roi,
Toujours pour lui, jamais pour soi ;
Et, quand je dis « pour lui », j'entends « pour la patrie,
À la prendre du Roi jusqu'au dernier sujet. »
S'il avient qu'un Monarque, en certains cas, oublie
Quel est de son mandat le grand et saint objet,
Le devoir d'un Ministre est de lui parler net.
N'en a-t-il point la loi, qu'il cède la partie :
Tout autre zèle est infamie.