Les deux Cordonniers Étienne Fumars (1743 - 1806)

Deux ânes s’en voulaient: il s’agissait de gloire,
Du charme reconnu de leurs brillantes voix.
Tous les deux hautement prétendaient la victoire.
Ils avaient rendu sourds l’écurie et les bois.
Tous les cerveaux allaient se fendre.
Il fallait malgré soi se taire et les entendre
Quand, par bonheur, l’un d’eux contre l’autre allongeant
Sa mâchoire colère,
Le saisit par l’oreille, et tournant, retournant,
Secouant, tiraillant,
Parvint enfin à faire
Un très plaisant Malchus de son triste adversaire.

Petits auteurs si belliqueux,
Broutez votre chardon sans apprêter à rire.
Eh ! que vous revient-il de chercher à vous nuire,
Que de rester, après vos coups de dent hargneux,
L’un avec une oreille, et l’autre avec les deux ?





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