Les deux Roses Étienne Fumars (1743 - 1806)

Deux roses, reines d’un parterre,
Amantes du Zéphyr, désiraient de lui plaire.
L’une belle sans art, brillante avec douceur,
De peur de le piquer, écartait son épine ;
Et Zéphyr attendri crut lui donner son cœur.
L’autre un peu moins sensible, et par-là bien plus fine,
Lui montre son armure, et puis d’un air railleur
Fait briller à ses yeux son aimable couleur.
Zéphyr avec regret regarde la première ;
Mais, dût-il se blesser, il vole à la dernière.
Amour le veut ainsi ; je le sais par malheur.
J’ai vu le sentiment dans les yeux de Constance ;
Je crus l’aimer avec ardeur ;
Ses paroles, sa voix, et même son silence,
Chez elle tout annonce et promet le bonheur.
Je vis Chloé : son air insensible et moqueur,
Ses yeux noirs et fripons, et son malin sourire ;
Mon cœur eut beau trembler et prévoir son martyre
Hélas ! je l’adorai, même en aimant sa sœur.





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