Un jour, il y a bien longtemps de cela, la Allé d’un tuchaua, d’an chef indien qui habitait dans les parages où s’élève aujourd’hui la ville de Santarem se trouve enceinte.
Le père jure de se venger de l’homme qui a apporté le déshonneur dans sa cabane. Il questionne sa fille. Prières, menaces, châtiments, rien ne réussit à lui arracher son secret. Elle affirme qu’elle n’a jamais connu aucun homme, que jamais aucun homme n’a approché d’elle.
Le père, désespéré, était tout décidé à la mettre à mort.
Un homme blanc se présenta. Il dit à l’Indien qu’il ne devait pas tuer sa fille, parce qu’elle était innocente, et que jamais aucun homme n’avait approché d’elle. Le père le crut et attendit.
Au bout de neuf mois, la jeune Indienne mit au monde une petite fille, belle comme les amours, et blanche comme les fleurs d’eau. Toutes les tribus voisines restèrent frappées d’étonnement.
De loin, on venait voir la petite blanche, doux rejeton d’une race nouvelle et inconnue. On lui donna le nom de Mani. Elle marchait et parlait dès le premier jour. Elle souriait à tous tristement.
Au bout d’un an, elle mourut sans maladie, sans souffrances. On l’enterra dans le jardin de la maison. Selon la coutume de ses aïeux, chaque jour, on découvrait la sépulture et on l’arrosait. Un jour, on trouva la fosse entrouverte, et dans la fosse une petite plante que nul ne connaissait et que nul n’osa arracher. La plante grandit, porta des fleurs et des fruits. Les oiseaux de la forêt qui en mangeaient étaient ivres. Puis, la terre se fendit, et une belle racine apparut au fond de la terre.
La racine ressemblait au beau petit corps de Mani la Blanche. On l’appela mam-oc.