Trop de chemins Fables Chinoises

Un jour, le voisin de Yangzi laissa s’échapper un de ses moutons. Après avoir envoyé tous les siens à la poursuite de l'animal, il se précipita chez Yangzi en le priant de lui prêter ses valets pour se joindre aux recherches.
- Eh quoi ! s'écria Yangzi, tant de monde pour retrouver un malheureux mouton !
Le voisin répondit:
— Il y a trop de chemins qui se croisent, alors il faut beaucoup de gens pour suivre la piste du mouton. Quelques instants après, les valets rentrèrent l'un après l’autre, Yangzi demanda a son voisin :
— Avez-vous retrouvé le mouton ?

Le voisin secoua la tète d’un air découragé et dit:
— Non, il est perdu.
— Pourquoi n’avez-vous pas pu le rattraper?
— Il y a trop de chemins qui se croisent ; répondit le voisin, de sorte qu’on ne sait quelle route le mouton a prise, et nous sommes tous rentrés.

Cette histoire affecta beaucoup Yangzi qui, de toute la journée, resta sombre et silencieux. Etonné, un de ses disciples lui dit :
- La perte d’un mouton n’est pas une telle affaire, de plus, il n’était pas à vous. Alors pourquoi en être si affligé ?

Mais Yangzi gardait toujours le silence.

N’étant pas parvenu à recevoir de réponse, le disciple alla tout raconter à Xin Duzi :
- Vous êtes son disciple, lui dit ce dernier, et pourtant vous ne le comprenez pas. On n’a pas pu retrouver le mouton parce qu’il y a trop de chemins qui se croisent en tous sens. Eh bien de même, si nous autres, érudits, au lieu de concentrer à notre attention sur un seul point, nous perdons notre temps à courir tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, nos efforts n'aboutiront à rien, tout comme ces gens qui n'ont pas pu retrouver le mouton.

Liezi




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