La Pie et la Vipère Fortuné Nancey (? - 1860)

La pie et la vipère, un jour qui l'aurait cru,
A leur dire n'étaient que deux petites saintes.
Qui se connut jamais ? le plus grand malotru.
De son portrait veut adoucir les teintes.
Oui je babille, j'en conviens,
Disait innocemment la pie,
Mais de tous mes caquets, de tous mes entretiens,
Que reste-t-il ? on les oublie.
J'amuse sans blesser, je pique en souriant,
Cela peut-il être effrayant ?
L'autre à son tour ; quoi ! langue de vipère
Est mortelle ? on le dit ; mais le proverbe a tort ;
C'est sans songer à mal que la vipère mord ;
Car elle est à tout prendre une bonne commère.

Vous avez toutes deux raison,
Belles dames, peut-être, et ceci vous regarde.
Mais de vous, qu'en tout lieu, comme en toute saison,
Pie, ou vipère, Dieu me garde,
Moi, mes gens, mon chien, ma maison !

Livre I, fable 17




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