Un Écureuil, à qui sa mère
Avait raconté mainte fois
Que l'on ne trouvait sur la terre
Rien qui fût comparable aux noix,
S'en faisait d'avance une fête,
Les savourant sur le menu :
Et quand le temps en fut venu,
S'en alla bien vite à leur quête,
Le fruit étant très-abondant,
Mais couvert encor de l'écale :
Avec une ardeur sans égale,
Il y porta d'abord la dent.
Malgré les discours de sa mère,
Il trouva pourtant que le brout
Était chose par trop amère,
Et bien désagréable au goût.
Mais quand il en vint aux coquilles,
Ce fut bien pis. Qu'est-ce cela ?
Quelles insipides broutilles !
Et l'on me vantait ce fruit-là !
Il s'en va tout droit à sa mère :
Foin ! lui cria-t-il, de vos noix !
C'est un abominable bois,
Une mangeaille dure, amère.
Passe ! On n'est trompé qu'une fois.
L'on ne m'y rattrapera guère. -
Hé tant pis pour toi, mon enfant !
Il fallait aller plus avant ;
La fatigue n'était pas grande :
Car, tiens, immédiatement
Après la coque vient l'amende.