L'Écureuil Jean Napoléon Vernier (1806 - 1839)

Dès qu'on s'y voit captif, la plus belle maison
Devient pour nous une prison.
Un écureuil ainsi pensait, chose étonnante ;
Et, sous les fils de fer serrés,
Faisait des bonds désespérés.
Il croyait s'élancer vers les vertes campagnes,
Vers la solitude des bois,
Aller rejoindre ses compagnes,
Que sa perte cruelle avait mis aux abois.
On eût dit, à le voir courir dans sa machine,
Qu'il allait se rompre l'échine.
Que ne fait pas l'esclave, à l'esprit indompté,
Pour conquérir sa liberté ?
Notre pauvre captif, oubliant sa tristesse,
Semblait fuir à grande vitesse ;
Mais dès qu'il avançait, il reculait d'autant,
L'insensé n'en croit rien pourtant.
Tandis qu'il se démène à grands bonds dans l'espace,
Une souris en ces lieux passe
Et lui dit : Comme un fou ne t'escrime donc pas ;
Tu ne fais que tourner ; reste en paix dans ton gite.

Maint pauvre diable ainsi s'agite,
Sans jamais avancer d'un pas.