La Tourterelle, l'Écureuil et le Geai Simon Pagès (17ème siècle)

Sur un chêne une tourterelle,
Dans son printemps sensible, belle,
Faisait répéter a l'écho
Le son d'un roucoulement tendre,
En attendant son tourtereau.
Tous les matins elle venait l'attendre ;
Elle y jouit un jour d'un amoureux bonheur;
Sur cet antique chêne elle fixait son cœur.
Comme elle soupirait, elle voit non loin d'elle
Un écureuil petit, leste, léger,
Cabriolant, en aucun lieu fidèle ;
On aurait cru qu'il fuyait un danger :
Car a peine
Il grimpait
Sur un chêne,
Qu'il volait
Sur un frêne,
Et d'un saut
Sur l'ormeau
De la forêt prochaine.
De notre follet animal
Sans doute elle ignorait l'inconstant caractère;
Elle aperçoit un geai : Dites-moi donc, compère,
Pourquoi, par quel instinct fatal,
Ce petit quadrupède à tête si légère,
Se tourmente si fort? Quel mal fuit-il ? — Quel mal ?
Le philosophe geai (c'est ainsi qu'on le nomme)
Réfléchissait alors sur les malheurs de l'homme :
Quel mal ? aucun ; partout il porterait ses pas,
Puisque le bonheur est ou l'étourdi n'est pas.

Livre II, Fable 12




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