« A quoi travaillez-vous avec un si grand zèle ?
Disait à des fourmis une jeune hirondelle.
— Nous faisons pour l'hiver notre provision,
(Réponse qui partit par acclamation)
Je saurai profiter d'un exemple si sage,
Dit le docile oiseau. Sans plus de verbiage,
Elle amasse, elle entasse aragnes, moucherons,
Et dans son nid en fait d'abondantes moissons.
A quoi bon tout cela, demande enfin sa mère ?
— «C'est contre cet hiver un garant salutaire,
C'est ma provision pour ce tems rigoureux ;
J'imite les fourmis ; imitons les nous deux.
— Va, laisse à des fourmis cette triste prudence ;
Elles rampent mais nous, oiseaux par excellence,
Nous recevons des cieux un plus noble destin.
Lorsqu'ici l'abondance approche de sa fin,
Nous quittons le pays ; durant notre voyage,
Le sommeil chaque jour nous gagne davantage ;
Bientôt, nous nous plongeons dans de tièdes marais,
Sous leurs joncs, sans besoins nous reposons en paix,
Et chacune de nous tout-à-coup rajeunie,
Sent, au nouveau printemps, une nouvelle vie.