« - Te voilà de retour, ami renard, dis-moi
As-tu bien accompli les ordres de ton roi ?
As-tu bien écouté ce que dans mon empire
Chacun de mes sujets peut dire ?
Puis-je tue assuré de leur foi ?
Quels sont les sentiments que ma personne inspire,
Parle, est-ce de l'amour, serait-ce de !'effroi ?
- Inspirer de l'effroi ! de l'effroi ! vous ! Non, Sire,
On vous chérit, on vous admire ;
Vos bienfaits, vos vertus ont gagné tous les cœurs ;
On vous nomme des rois le plus grand, le plus juste.
Voyez, dit-on, voyez comme ce tigre auguste
Sur nous aime à verser chaque jour ses faveurs.
Dans son cœur la justice éclaire
La bienfaisance et la bonté :
A son tour la bonté modère
L'exacte et rigide équité.
Et puis avec transport comblez nos vœux, ô Parque,
Et prolongez sa trame aux dépends de nos jours.
Je ne finirais pas s'il fallait, grand monarque,
Vous répéter ici tous les tendres discours,
Discours, non pas d un seul, mais de la multitude
Discours des animaux par troupes rassemblés....
— Et ceux de qui les fils sous ma grifse étranglés... ?
— Ceux-là (je l'oubliais) chantent leur gratitude
Et connaissent le prix de cet insigne honneur.
Pour nous, disent-ils, quel bonheur
D'avoir fourni de la parure...
Ton rapport, cher ami, ne sent point l'imposture,
Il me contente. J'aime à voir
Que mes sujets font leur devoir :
J'approuve que la voix publique,
En toute liberté sur mon compte s'explique.
Mais tous ces animaux qui causent deux à deux,
Leur discours aussi tendre ?
Sans doute, roi puissant, qu'ils sont pour vous des vœux ;
Mais ils sont si respectueux,
Ils se parlent si bas, qu'on ne peut le entendre. »