Apollon et les Députés des Animaux Honoré Antoine Richaud-Martelly (1751 – 1817)

LA FONTAINE, tout comme un autre,
Finit par descendre au tombeau ;
Tel est mon fort, tel est le vôtre ;
Rien n'échappe au fatal ciseau.
Les Animaux inconsolables
Députèrent quelques notables
Pour aller au sacré vallon
Se faire entendre d'Apollon.
Ils en obtinrent audience,
Pour cette fois, sans conséquence.
Voici leur plainte et leurs raisons :
Jean ne vit plus ; nous gémissons
De nous voir réduits au silence.
L'homme a besoin de nos leçons ;
Elles n'auront plus d'importance,
Et passeront pour des chansons.
Apollon, sensible à leur peine,
Leur dit Quand, toi Renard et toi Loup, dans la plaine
Ne trouvez poules ni moutons,
Dans les bois la faim vous ramène,
Et vous mangez ronces et sauvageons.
Mets délicat en ce siècle n'abonde.
Le Dieu des Vers peut vous parler ainsi
Allez et retenez ce que je dis ici,
Pour le redire à tout le monde.

Livre I, fable 1




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