Colin voulait dénicher des moineaux
Qui gazouillaient sur la cime d'un chêne.
Notez qu'il ne plaint point sa peine
Quand il s'agit de prendre des oiseaux.
Le voilà donc qui grimpe, qui s'élance :
Il voit le nid : il en jouit d'avance.
L'espoir abrège, embellit le chemin.
Un Bucheron avec hache et coignée,
Aurait trop peu de la journée,
Pour couper tout le bois que brisera Colin.
A coups de tête il se fait un passage ;
Ses cheveux l'arrêtent en vain :
En avançant il se soulage.
Déjà le nid est sous sa main ;
Légèrement il l'enlève : il caresse
Ces pauvres petits oisillons ;
Leur fait mainte et mainte promesse ;
Il cherchera pour eux mouches et papillons ;
Ils auront du biscuit ; seront baisés sans cesse ;
Et cependant moins heureux que Colin.
Une branche infidèle autrement en ordonne ;
Comme il descend, elle casse et soudain
Bien malgré lui Colin les abandonne,
Plus vite qu'il ne faut le voilà descendu :
Oiseaux, plaisirs, tout est perdu.

Cette chute l'a rendu sage :
Venez après, pour l'enrichir,
Lui proposer un long et pénible voyage :
Des moineaux et de l'arbre il doit se souvenir.

Livre III, fable 16




Commentaires