Dans ces beaux jours d'automne, où la verdure
Conserve encor quelque fraîcheur,
Où les Oiseaux doivent à la nature
Une abondante nourriture,
Ils chantaient gaîment leur bonheur.
Dans une plaine et sous l'ombrage,
Rassemblés après leur repas,
De tous les jeux inventés au village
Ils se retracèrent l'image,
Et le plaisir n'y manqua pas.
Le Perroquet et le Merle et la Pie
Faisaient des contes dans un coin ;
Contes un peu gaillards ; il faut bien que l'on rie :
Jeunes Oiseaux n'écoutaient que de loin.
Sans se disputer l'avantage,
Le Rossignol et le Serin
En duo mêlaient leur ramage,
Et chantaient un nouveau refrain.
D'un clair ruisseau qui baignait la prairie ;
Le Cygne, sous son aile, apportant ses enfants ;
Pour leur montrer tous ces jeux innocents
Vint se joindre à la compagnie.
La course amusait les Perdreaux,
Cherchant dans le plaisir un exercice utile.
Un peu plus écartés, de jeunes Tourtereaux
Jouaient à cache-cache : il n'est pas dissicile
De penser que les amoureux
Dans ce jeu trouvaient d'autres jeux.
Aux quatre coins, jeunes Poulettes
Occupaient un Coq déjà vieux :
Jeune Coq, à son tour, occupa les coquettes ;
On dit qu'elles s'en trouvaient mieux.
Moineaux fringants lutinaient des Fauvettes,
Des Linottes, des Alouettes :
Tout allait bien ; chacun était content.
Un Vautour, dont heureusement
La faim se trouvait assouvie,
Sans se faire annoncer, se met de la partie,
Et veut s'amuser à son tour.
Le refuser il y va de la vie.
Comment éconduire un Vautour ?
Mais voilà que certaine Pie,
Qui, pour parer le coup, réfléchit à l'écart ;
Lui dit Seigneur, je vous en prie,
Essayez du colin-maillard ;
Un jeu charmant, dont l'exercice
Peut vous remettre en appétit.
ÉPILOGUE
J'ai fait ce que j'ai pu ; mon but est d'être utile.
Faire mieux eût été facile ;
Non pas pour moi ; je ne m'en pique point :
Mais à mes faibles vers un mérite se joint,
Qui fera pardonner au style :
C'est le désir d'intéresser ;
De dérober à la nature
Quelques tableaux pour amuser ;
De répandre sans faste une morale pure ;
De rendre moins aigus les traits de la censure,
Et jusqu'au cœur de les faire passer,
Sans qu'il ressente la piqûre.