Un Tigre, un Loup allaient de compagnie,
Et parcouraient les côteaux et les bois,
Tous deux jurant de prodiguer leur vie
Pour s'entr'aider dans leurs divers exploits.
A leurs regards un Chevreuil se présente :
A l'attaquer tous deux ont même ardeur ;
Mais de le partager la crainte impatiente
Leur fait l'un contre l'autre employer leur valeur.
A ce combat le Chevreuil dut sa fuite ;
Et cette fois il en fut quitte,
Seulement pour la peur.
Si les méchants se font souvent la guerre,
C'est pour sauver les bons, un juste arrêt du fort :
Ceux-ci n'auraient nul repos sur la terre,
Si les autres, entre eux, étaient toujours d'accord.