Un Porc-épic, que son écorce duré,
Avait rendu l'effroi de la nature
Qui végétait autour de lui,
Las de vivre pour soi, s'enivra du système
D'exister, enfin , pour autrui.
Voici comment il fit son thème.
Une Belette a le poil si poli :
C'est un animal si joli :
Si j'en faisais la moitié de moi-même,
J'éloignerais de moi cet anathème ,
Par qui le voisinage , à raison gendarmé,
Fuit les piquants cruels dont je me vois armé.
Epousons-la ; notre progéniture,
Qui va tenir d'elle et de moi,
N'aura rien sur le dos qui donne de l'effroi,
Ou dont on puisse appréhender l'injure.
Le parti pris, il en parle au voisin,
Et le voisin en parle à la Belette,
Un Porc-épic! dit la dame fluette,
Le bec armé d'un sourire malin,
Il ne se peut que je me détermine,
Sans faire parler à l'Hermine :
Chacun sait qu'elle est ma cousine,
Et la Civette aussi. Toutes deux ont un rang
Dans le palais du Renard blanc.
Eh, mais, vous oubliez la Fouine ,
Et le Putois ! dit le voisin madré ;
Je vois que, tout considéré,
Il ne faut plus parler d'affaire :
A tous vos grands parents celle-ci ne peut plaire
Et j'en suis fâché cependant,
Le Porc-épic n'est jamais malfaisant ;
Et les enfants qui de vous pourraient naître,
En prenant de ses goûts y gagneraient peut-être :
Continuez. Vivez comme il vous plaît.
Voici, pour vous, quel en sera l'effet :
C'est qu'à jamais l'humaine race,
A nul de vous ne fera grâce.