Deux Loups Jacques Peras (18è)

Deux Loups (Eh ! pourquoi pas deux hommes ?
Je crois que nous mettons nos foins
A déguiser ce que nous sommes.)
C'est ici deux Loups que je joins.
L'un des deux était puissant, riche,
Et d'obliger nullement chiche,
Le fait est rare ; enfin cela n'était pas moins.
Son compagnon, ou son ami peut -être,
Après avoir été secouru mainte fois,
S'en vint un jour lui donner à connaître
D'un air doux, affable, et courtois.
Qu'il exigeait de lui certain petit service.
L'autre lui dit, hélas ! je ne le puis,
J'en fuis fâché, ce n'est pas par caprice,
J'oblige volontiers, et tu sais qui je fuis.
L'Emprunteur un instant cause, et puis se retire
Poliment, mais la haine dans le cœur.

Ingrats, je ne puis trop vous dire
Combien vous m'êtes en horreur.
L'homme sensé murmure et gronde
Sur pareils faits, mais c'est en vain.
Ne sait-il pas comme on vit dans le monde ?

Les Bienfaits s'écrivent sur l'Onde,
Et les Refus se gravent sur l'airain.

Livre I, fable 2




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