LA TERRE
Que veux-tu faire de cette onde
Dont tu me prives chaque jour ?
À quoi bon ces vapeurs au céleste séjour ?
As-tu, comme la terre, une glèbe féconde
Qui s'en abreuve avec amour ?
Butin sans fruit, déplorable conquête !
Cette eau que ton empire enlève à mes sillons,
Du nuage et de la tempête
Va grossir les noirs tourbillons.
LE CIEL
Ingrate ! ces vapeurs en fertile rosée
Chaque matin je te les rends,
Ou bien, pour apaiser ton haleine embrasée,
Mon urne les épanche en précieux torrents.
Tant de flots superflus en lagunes immondes
Auraient porté la mort dans ton sein empesté ;
Je les prends, les épure, et, bienfaisantes ondes,
Ils retournent à toi de mes voûtes profondes,
Avec la vie et la fécondité.