Le torrent et le Cheval Jean-Aimé Gaudy-Lefort (1773 - 1850)

Aux jours où le Lion de sa brûlante haleine
Jaunit l'herbe de nos coteaux,
Sur les bords du Torrent qui traverse la plaine,
Un Coursier s'abreuvait, mais dans son onde à peine
Pouvait-il humecter le bout de ses naseaux.
Honteux de laisser voir une telle indigence,
Le Torrent s'écria : Mon cher, dans tous les temps
Je n'ai point si mince apparence ;
Après la pluie et les autans,
Tout à coup mon onde grossie
Déborde et couvre au loin les champs et la prairie ;
Tantôt faible ruisseau, tantôt fleuve en furie,
L'un par l'autre, tu vois, se trouve compensé.

Pour toi, pour tes voisins, dit l'animal sensé,
Mieux peut- être vaudrait, plus égal et plus sage,-
Sans trop, ni trop peu d'eau, couler sur ce rivage ;
L'excès en tout est déplacé.





Commentaires