Voisine, un jour disait ma Chatte,
Passant et repassant sa pate
Sur sa moustache et sur son front,
Je sens que mes beaux jours s'en vont ;
Les grâces dont j'étais parée
Perdent cet attrait délicat
Pour qui je fus tant admirée ;
Mon œil n'a plus le même éclat,
Et ma fourrure est moins lustrée.
Ah! que c'est triste ! plaignez-moi.
- Voisine, dit l'autre Minette,
Sachez du temps subir la loi ;
Il faut que chacun s'y soumette,
La grande dame et la soubrette,
Le berger ainsi que le roi.
Léchez moins souvent cette hermine
Qui séduisit plus d'un amant ;
Plus d'œillade, de tendre mine,
Ni de ce doux miaulement
Auquel on ne répond plus guère.
Dites adieu, c'est le moment,
Aux rendez-vous de la gouttière,
Privilége d'un meilleur temps,
Et quittez moins votre demeure ;
Qui fait la vieille de bonne heure,
Sait être jeune encor longtemps.