Au sein des fleurs qui peuplaient la prairie,
A folâtrer passant toute sa vie,
Et n'écoutant que d'innocents désirs,
Un papillon promenait ses plaisirs.
Son plus doux soin était celui de plaire ;
Mais il n'aimait que pour un seul instant ;
Et des amours du petit inconstant,
A son tour, chaque fleur devenait tributaire.
A l'humble violette il s'adressait un jour,
Lorsqu'un lâche frelon, venant du voisinage,
Se pose près de lui ; mais, redoutant sa rage,
Le papillon plus loin s'en va faire sa cour.
Au même instant l'insecte parasite
Vole après lui. Qu'est-ce donc qui t'irrite ?
Contre moi quelle cause excite ta fureur ?
T'ai-je fait quelque mal ? Mais lion, ta seule envie
Est de troubler ma paix et mon bonheur.
Lors le frelon, plein de furie,
Ne répondit qu'avec son aiguillon,
Dont il blessa le pauvre papillon ;
Mais le coup qu'il frappa lui fit perdre la vie.
Ah ! pourquoi, parmi nous, maint ignoble frelon
Peut-il, versant à tant la page
Tout le venin que distilla sa rage,
Donner impunément tant de coups d'aiguillon ?