Une cigogne apportait la pâture
A ses petits ; elle vit un autour
Qui comptait bien en faire sa capture :
Il fond sur eux ; la cigogne, à son tort,
Sur lui s'élance, et le combat s'engage.
Jamais tant de fureur, jamais tant de courage
Ne s'étaient vus entre deux combattants ;
Coups d'aile et coups de bec marquaient tous les instants.
Cependant l'autour cède : un arbre faisait face
Au nid de la cigogne ; il s'y perche, et soudain,
Cachant tout son dépit sous un air de dédain,
C'est ainsi que parla cette bête rapace :
Au lieu de t'exposer à ce cruel danger,
N'aurais-tu pas mieux fait de me laisser manger
Un de tes,fils ? allons, dis, ma commère ?
La cigogne répond : Vil brigand ! ne crois pas
Qu'on puisse jamais être assez coupable mère :
Te livrer mes enfants ! mieux cent fois le trépas.