Une laitière, ayant un pot au lait sur la tête, allait gaiement au marché: elle comptait en elle-même le prix de son lait. Huit pintes à trois sous la pinte, font vingt-quatre sous : le compte est juste. Vingt-quatre sous sont plus qu'il ne me faut pour acheter une poule. La poule fera des œufs : ces œufs deviendront poulets ; il me fera facile de les élever dans la petite cour de notre maison et je défie le renard, tout rusé qu'il est, d'en approcher. En vendant mes poulets j'aurai assez pour acheter une robe neuve-rouge-que je considère-oui, le rouge me convient le mieux. Je ne manquerai pas d'amans ; mais je les refuserai peut-être tous, même avec dédain. Là-dessus- la laitière fait de la tête ce qui se passe dans son imagination, voilà le pot au lait à terre. Adieu robe, amans, poule, œufs et poulets.
Quel est l'homme qui ne fasse des châteaux en Espagne ? Le sage aussi bien que le fou : tous ces bâtiments aériens ne font que l'emblème du pot au lait.