Le Possesseur de l'arc Jean-François Guichard (1731 - 1811)

Un homme avait un arc de simple bois d'ébène ;
Il tirait avec lui très loin, juste, et sans peine.
Il dit, au bout d'un temps : cet arc est trop uni,
Son seul mérite est le poli :
Je reconnais un sculpteur habile,
Je vais le lui porter, il y dessinera
Ce que de convenable il imaginera,
Car il faut joindre encor l'agréable à l'utile.
- Pas toujours, comme il le verra.
L'arc est chez le sculpteur, qui, se donnant carrière,
Y rassemble une chasse entière...
Impayable ! s'écrie, à ce chef-œuvre-là,
Le possesseur : oh ! que je vous embrasse !
Oui, sur un arc rien de mieux qu'une chasse.
Il veut le tendre ; il se rompt sous ses doigts ;

À la solidité l'ornement nuit parfois.