Les Scélérats punis par eux-mêmes Jean-François Guichard (1731 - 1811)

Trois voyageurs rencontrèrent
Un trésor qu'ils partagèrent
En continuant leur chemin,
De cette aubaine ils s'entretinrent :
Les vivre étaient à leur fin,
D'en acheter à la ville ils convinrent.
Mais pour cela, dit-on, un d'entre nous suffit ;
Nous l'attendrons, assis sous ce feuillage.
C'est au plus jeune à partir... il partit.

Ces gens-là me font bien dommage,
Raisonne ainsi le futur pourvoyeur ;
Si j'avais été seul, j'aurais eu davantage.
Il faut nous armer de courage :
Oui, qu'un poison promptement destructeur
Aux vivres soit mêlé ; pour écarter le doute
J'aurai diné : la faim nous prend toujours en route.
Mais deux associés croiront ne risquer rien,
Mangeront... et j'aurai le tout par ce moyen.

Voici de leur côté ce que disaient les autres :
De ce jeune homme à son retour
Délivrons-nous, son lot augmentera les nôtres.
Il arrive : un poignard lui fait perdre le jour ;
Des vivres apportés s'empoisonnent les traîtres ;
Et le trésor resta sans maîtres.

Livre III, fable 17




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