Un berger menait ses moutons
Sur les côteaux, dans les vallons.
Tandis qu'ils paissaient l'herbette,
Appuyé sur sa houlette,
Pour occuper son loisir,
Il chantait avec plaisir
La chanson, où la romance,
Qu'amour dicta pour sa bergère Hortense.
Les petits agneaux bondissaient,
Moutons et brebis écoutaient
Le chant, le son de la musette
Qui répétait l'air de la chansonnette.
Carillon, le chien favori,
Et Robin, le mouton chéri,
Accoutumés, dès leur enfance,
A vivre en bonne intelligence,,
Se parlaient librement, comme de bons amis :
Robin, à Carillon, demandait son avis ;
Ce qu'il pensait de la musique,
Et du joli concert rustique
Que le berger donnait souvent :
Dites, n'est-il pas vrai, compère,
Qu'ils ont trouvé l'art de vous plaire ?
Pour moi, j'en suis dans le ravissement.
Oh ! le cas est bien différent
Répondit Carillon ; j'aimerais la musette
Le chalumeau, la flûte ou la trompette,
Si, comme vous, je faisais mon repas ;
Mais, hélas ! je ne dîne pas
Sur le côteau, dans la prairie,
En paissant l'herbette fleurie ;
Je n'ai qu'un morceau de pain bis,
Qu'on me donne le soir, de retour au logis :
Pour mes soins, mes travaux voilà tout mon salaire.
Vous concevez " mon cher, qu'il n'est pas ordinaire
De prendre du goût au plaisir,
Quand le besoin se fait sentir.