Minerve et le Hibou Jean-Jacques Boisard (1744 - 1833)

Songe-creux le Hibou, dans son triste réduit,
Aux gazouillis moqueur des oiseaux de lumière
Dérobait sa figure et sa voix de Mégère.
Le soleil, disait-il, me chasse avec la nuit !
O Minerve ! faut-il hélas ! que ton Ministre
Passe dans l'Univers pour un oiseau sinistre ?
On me révère encor, cependant on me fuit !
Sans mérite qu'un vain ramage,
Le chétif Rossignol est le Dieu des forêts ;
De l'imbécile Paon admirant le plumage,
Les Rois de son aspect ne se lassent jamais :
Et moi, qui de penser fais le métier sublime,
On me fuit, on me haït presque autant qu'on m'estime !
Au dire de chacun je fuis un malotru.
O que le monde est sot ! que je hais le vulgaire !
Minerve à ce discours répondit en colère :
Si le monde est si sot, de quoi t'affliges-tu :

Livre II, fable 16




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