Le Soleil et le Voyageur Jean-Jacques Porchat (1800 - 1864)

« Quand viendra le soleil ! » disait un voyageur,
Maudissant du matin la piquante fraicheur.
Il cheminait depuis l'aurore.
Enfin parut l'astre du jour.
A son lever le pèlerin l'adore.
Mais le soleil montait, montait, faisait son tour,
Et le piéton déjà s'en lasse.
« On n'y tient plus, dit-il ; ô détestable roi,
Pour briller à ton aise il te faut tout l'espace :
Fussé-je délivré de toi ! »
L'astre décline enfin ; la montagne lointaine
De son disque a touche le bord ;
Tl descend ; l'ombre est dans la plaine,
Et la première étaile a brillé vers le nord.
La nuit est sombre et loin le gite ;
Les bois sont épais alentour :
Lors des brigands craignant quelque visite,
Le marcheur dit tout bas : « Que n'est-il encor jour ! »

À vous, homme d'Etat, à vous qu'une follette,
La vaine opinion, flatte, insulte, applaudit...
Avant on vous désire ; a pris on vous regrette :
Dans l'intervalle on vous maudit.

Livre IX, fable 9




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