« De mon nouveau logis que dis-tu, compagnon ?
Faisait à son pareil un Ecureuil mignon. —
C'est un palais, reprit autre, un Olympe.
L'abord en est commode ; en trois sauts on y grimpe,
Puis, on est dans ce nid très confortablement.
A l'abri du soleil, à l'abri de l'orage,
Que tu vas doucement couler ici ton âge !
Pour moi, tu le sais, mon destin
Me condamne à vieillir dans un pays lointain.
Puisse-t-il m'y donner résidence pareille !
Mais des châteaux dussé-je y trouver la merveille,
Sans te revoir, ami, je ne veux pas mourir.
Je pars. Adieu. » Nos gens tendrement s'embrassèrent.
Ii s'en va. Laissons-le courir.
Sans autre événement, trois aus, je crois, passèrent. __
Un jour l'Ecureuil casanier,
Accroupi devant ses pénates,
Grugeait le doux fruit du noyer ;
Mais la noix tomba de ses pattes,
Quand soudain son intime apparut à ses yeux.
« O bonheur ! toi, chez nous, mon vieux ! »
Et tous deux dans la case ils pleuraient de tendresse.
Après ces doux embrassements
Et le bruit des premiers moments,
Le voyageur de dire : « Ou donc est ta sagesse,
Compagnon ? Te voilà, tout franc, bien mal gité.
Serait-ce un vœu d'austérité,
Et fais-tu pénitence, ami, dans ta demeure ?
Elle est ouverte à tous les vents ;
Pour y grimper il faut une heure
Trois sauts te suffisaient, dans tes plus jeunes ans,
Dit l'autre. Il m'en souvient ; ce même domicile
T'avait paru délicieux,
Tu trouves cent défauts, mon frère, à cet asile ;
Il n'en a qu'un : nous sommes vieux. »