L'Hirondelle à bord Jean-Jacques Porchat (1800 - 1864)

Sous les agrès de ce navire Au port enchainé quelques jours, Hirondelle, qui vous inspire De venir loger vos amours ? Retournez, folle aventurière, Retournez av nid villageois, Par votre aïeule et votre mère, Par vous repeuplé tant de fois. Cet Océan qui vous balance, Ce bruit sourd des vents et des flots Disaient assez votre imprudence : C'est en vain ; vos œufs sont éclos. Hâtez-vous donc ! mais sur la grève Vous butinez pour vos petits, Et le souffle attendu se lève, On appareille : ils sont partis. « Que vois-je ? Ou vont-ils ? Quel mystère ! Dit-elle. Enfants, me fuyez—vous ? Me voici, voici votre mère. Qui nous emporte ? OW courons-nous ? Et la terre où donc s'enfuit-elle ?... Arrêtez ; revenez... J'ai peur. » — Reviens seule, pauvre Hirondelle, Sous vos toits pleurer ton bonheur. La couvée a tes-soins ravie, C'est chez nous un sort peu nouveau. Eh ! qui n'a bâti dans sa vie Quelque nid sur quelque vaisseau ?

Livre IX, fable 14




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