La Poule et l'Hirondelle Édouard Parthon de Von (1788 - 1877)

Un jour, au pied d'une haute maison,
La poule critiquait le nid de l'hirondelle :
« Avez-vous perdu la raison,
Ma chère enfant, lui disait-elle,
De nous construire un nid, gâché comme cela ?
Que nous avez-vous bâti là ?
Je n'aperçois d'ici qu'une noire muraille,
Que ne couvre ni foin, ni paille ;
Point de mousse, point de duvet.
D'honneur, cela me fait l'effet
D'un logis très- peu confortable. »
- Il n'en est pas de préférable, »
Dit l'hirondelle, « en vérité,
Ma demeure, en dehors, par sa solidité,
Brave le vent et la pluie et l'orage.
Eh ! que ne pouvez-vous d'en bas apercevoir
La mousse et le duvet, dont le doux assemblage
La tapisse en dedans ! ma chère, je le gage,
Si d'en haut vous pouviez la voir,
Vous changeriez bien de langage. »

Damon, fougueux tribun, déclame incessamment
Contre les grands, le prince et le gouvernement.
Enfin, par une heureuse guerre,
Damon parvient au ministère,
Et sa façon de voir change très-promptement.
A peine au pouvair il arrive
Qu'il honore les grands, le prince, et, comme il faut,
Contre la canaille invective.
Voir les objets d'en bas, ou bien d'en haut,
Change beaucoup la perspective.

Livre IV, fable 9




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