La poule dit un jour à l'abeille : « Ma brune,
Je ne puis m'en cacher : c'est pitié de te voir
Aller flânant, depuis le matin jusqu'au soir,
Parmi les fleurs ; tantôt sur l'une,
Tantôt sur l'autre, sans savoir
Rester un moment sur aucune.
A ne rien faire ainsi l'on se morfond d'ennui.
Vois comme déjà, moi, de mon temps, aujourd'hui,
J'ai profité ! je viens de pondre
Un œuf qui le dispute à ce lis en blancheur.
Vraiment ! se hâte de répondre -
L'abeille en sa mauvaise humeur,
Tu viens de pondre un œuf !.. et si blanc ! quelle
Madame a, certes, là de quoi adresse !
Se pavaner. Je n'ai pas, moi,
Coutume de parler de mes œuvres ; je laisse
Tout bonnement le soin de les louer
A qui veut voir dans le panier
Où pour travailler je me cache.
Vantarde !.. à peine est fait son œuf qu'à plein gosier
Dans la cour on l'entend crier,
Afin qu'aux environs tout le monde le sache. »
Le lecteur a trop de bon sens
Pour ne pas deviner le sens
Qu'à cet apologue j'attache.
Imité de Gellert