Qui n’aime pas la liberté ?
Tout aspire à ce bien suprême,
L’homme, les animaux, tout, jusqu’aux plantes même.
C’est l’inspiration de la Divinité.
Être libre ou mourir, voilà le cri sublime
Du guerrier malheureux qui tombe sans regret;
Et c’est aussi, dit-on, la constante maxime
De qui donc?… Du chardonneret.
Écoutez : ceci n’est point fable;
Une dame, qui fait de très jolis romans,
L’appelle histoire véritable.
Je cite mon auteur; lui direz-vous :Tu mens?
Pour charmer ses loisirs, l’aimable romancière
Avait chez elle une volière.
Non loin de là, dans un bosquet,
Habitait un chardonneret.
Heureux si, plus prudent, il n’eût vers sa famille
Par sa voix indiscrète attiré l’oiseleur!
A peine les petits sortaient de la coquille:
Il fallut au logis attendre le voleur
Et passer dans sa gibecière.
Avec le nid dans là volière
On les plaça tout près du bord.
Les parents, accourus d’abord,
Épuisèrent en vain la plainte et la prière.
A ces chers nourrissons ils voulurent du moins
Jusqu’au bout prodiguer leurs soins,
Espérant qu’une fois, aidés de leur plumage,
A travers les barreaux ils fuiraient l’esclavage.
Avec le temps chaque petit
S’emplume, et bientôt sort du nid,
Du nid, mais non pas de la cage.
En vain, à chaque instant du jour,
Des pieds et du bec ils s’escriment;
En vain leurs parents les animent,
Voltigeant sans cesse alentour :
La cage est sans défaut; pas le moindre passage;
Et les pauvres petits, qui croissaient avec l’âge,
Chaque jour avaient moins d’espoir.
Quel tourment! Se parler, se voir,
Se becqueter à travers le grillage,
Et vivre séparés! Enfin, saisis de rage,
Les parents vont cueillir, non plus le chénevis,
Le mil aux grappes d’or, la navette sauvage,
Ou le plantain aux longs épis,
Mais une graine empoisonnée,
Pour la donner à leurs petits.
Ainsi se termina leur vie infortunée.