Les deux Oeillets Jean-Louis Aubert (1731 - 1814)

Dans un parterre orné des trésors du printemps
Un sillet blanc frappait surtout la vue.
Son espèce en ces lieux étant feule connue,
Il épuisait les éloges des gens.
D'imaginer que la nature
Pût produire un Œillet plus beau que celui-ci,
Chimère que cela, sottise toute pure !
La nature pourtant accepta le défi.
À loisir elle fit éclore
Un Œillet nuancé des diverses couleurs
Dont sont peints les habits de Flore.
Mais cet éclat nouveau trouva mille Censeurs.
Vit-on jamais Œillet de cette espèce ?
L'essence de l'œillet n'est- ce pas la blancheur ?
Ce faux éclat flatte moins qu'il ne blesse :
La nature n'a pu produire cette fleur.
A chaque trait brillant ce fut une satyre ;
Et quand sur les couleurs on n'eut plus rien à dire,
On le chicana sur l'odeur.

Livre II, fable 18




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