Dans la plus belle des saisons,
Lorsque l'herbe fleurit, que les moissons prospèrent,
Du nid d'une fauvette et de ses oisillons,
Trois méchants oiseaux s'emparèrent.
Il fallut bien subir ce destin rigoureux !
En effet, qu'eût fait la pauvrette ?
Elle était sans force et seulette,
Et l'on n'aide que les heureux.
Plusieurs oiseaux pourtant prirent part à sa peine ;
Pour être juste, il faut en convenir ;
Mais pour la délivrer de sa pesante chaîne,
Nul ne s'empressa d'accourir.
A quelque temps de là, de son dur esclavage
Ne pouvant plus supporter les tourmens,
Et ses fils étant déjà grands,
Elle voulut enfin s'échapper de sa cage,
Et des autres oiseaux se placer dans les rangs.
Elle comptait beaucoup sur la gent volatile,
Qui de la protéger avait fait le serment ;
Mais ce secours, hélas ! manqua totalement ;
Chacun chez soi resta tranquille.
Et son effort fut impuissant.
Surtout, dans certain coq, connu par sa vaillance ;
Elle avait mis toute son espérance ;
Ne doutant point de son noble ascendant.
Mais il avait vraiment une plus grave affaire ;
Perché sur un clocher, tout près d'un bresbytère,
Il regardait avec mystère,
De quel côté venait le vent.
Si vous avez la fortune prospère,
Tous vos amis seront très-prompts à vous servir ;
Mais si le malheur veut qu'elle vous soit contraire,
Ah ! ne songez plus qu'à mourir.