Certain renard, à jeun depuis longtemps, rôdait
Autour des bourgs et des villages,
Des poulaillers, des héritages,
Sans pouvair attraper le plus petit poulet.
Sa faim pourtant égalait sa misère !
Vaincu par le besoin, et maudissant son sort,
Morne, silencieux, il s'étendit par terre,
Plaçant tout son espoir dans une prompte mort....
Tandis qu'en cet état on eût dit : il expire !
Arrive un noir corbeau, de cadavre amateur,
Croyant déjà d'un mort sentir l'odeur,
Sur lui s'abat, le pique et le déchire.
Alors notre renard, à point se ranimant,
Happe mons du corbeau, dans ses pattes l'enlace,
Et malgré sa peau noire et sa chair coriace,
Il le dévore au même instant.
La fortune parfois donne avec brusquerie
Ce que d'elle sans fruit on eût sollicité ;
Et le hasard souvent fait ce que l'industrie,
Le travail et la ruse en vain auraient tenté.